BRINDILLES D'ARGENT

1907 est une belle année,
19/07 est un beau jour,
c'est mon anniversaire.
19/07 c'est aussi un mauvais jour,
c'est là qu'elle est partie.

j'avais les mains huilées, souillées par l'essence et de la graisse sur le visage, j'étais sale, j'étais crade. j'étais répugnant, c'est clair. mais elle est venue, sublime apparition dans le travers de la porte, portant une robe bleu rose un peu décolletée, le rebord de sa manche courte relevé dans une courbe délicate. son sourire c'était une rivière de beauté, la naissance florissante de la femme, elle avait dans ses yeux le doux courroux de la fille oubliée par son amant. jeunots que nous étions, jeunots nous nous aimions. j'ai couru jusqu'à elle, voulu prendre sa taille dans mes paumes, la tenir contre moi pour sentir son parfum dont je m'enivrais éternellement. la serrer pour épouser toutes ses courbes, mais j'avais les mains sales et je sentais l'huile, alors elle m'a dit attention à ma robe, tu vas tout crotter. alors j'lui ai répondu pas grave, je t'aime et elle m'a embrassé. on s'est quittés là dessus, parce qu'on devait retourner travailler.
un peu plus tard je l'ai retrouvée, pas loin de la grand route où filaient les véhicules. on marchait. on marchait et on courait, un peu tôt dans le matin. c'était le dix neuf juillet, j'venais d'avoir dix huit ans, elle, elle les aura le lendemain. au bout d'un moment elle m'a dit, avec sa main posée sur la pliure de mon cou et la mienne sur ses belles hanches, qu'il ne fallait plus nous voir ni nous parler. elle m'a dit qu'elle avait rencontré un homme. mieux. enfin, qui lui promettais mieux que ce que moi je lui donnais. l'argent. mais moi j'avais donné pas promis. lui qui aurait cru, il voulait juste coucher avec elle et me faire mal, moi le petit rien. alors j'lui ai dit tout ça. j'lui ai craché ma jalousie au visage, déversait une colère inconnue sur son être. et elle elle m'a dit que j'étais nul, en fait, et qu'elle ne savait pas comment elle a réussit à aimer un pourri comme moi. tu peux croire ce que tu veux, que mon histoire c'est du cliché, un morceau vu et revu au cinéma. je sais pas trop. j'ai vu le camion arriver à vive allure, j'ai pas trop réfléchi. j'l'ai poussée sur la voie et après j'ai eu du sang sur le visage. j'avais tué mon aimée.
elle n'aura jamais la majorité, elle sera toujours mineure et elle aura fini dans le massacre. le camion s'était arrêté, il savait, il avait vu ce que j'avais fait. mais il m'a dit de fuir de m'en aller, d'enterrer mon histoire et de refaire une vie. mais j'avais tué mon aimée.
j'ai erré, les paillettes de ses cils poudrés incrustées dans la lande cérébrale de mon système. j'avais décidé de changer, d'avoir un rêve : oublier le passé pour carpe diem. alors vokse ou ailleurs on s'en fiche un peu, j'ai trouvé des personnes qui sauront écouter. qui sauront devenir mes amis, mes frères et mes soeurs, un peu plus un peu moins. le sud et l'auberge sont ma porte de sortie, le dernier échappatoire avant l'hachoir.
maintenant, je serais 1907, plus un humain mais un numéro, on m'appellera comme on voudra, mais personne jamais ne saura qu'adrien a tué.

hya/pauline, 14, j'ai craqué et maintenant, j'ignore si je poursuis un beau chemin avec mon p'tit gars, en tous cas, vous êtes magnifiques, je regrette pas d'être là.

Code:

JACOB ＊ 1907 (ADRIEN)

Code:

＊ CHAMBRE OCÉAN